Les conférencier.ères invité.es du Congrès 2018
6 mars 2018
Le comité organisateur du Congrès de la Société de philosophie du Québec:
Liberté de pensée, liberté de parole
8 au 10 mai 2018, Université du Québec à Chicoutimi
est fier de dévoiler les conférencier.ères invité.es:
Hourya Bentouhami (Université Toulouse II Jean Jaurès): « Je ne suis pas raciste mais… » : liberté d’expression et antinomies de la raison raciste
Soheil Kash (Université Laval): L’Autre de l’Occident moderne
Sandra Lapointe (McMaster University): Comment la censure affecte-t-elle le progrès philosophique?
Jean-Marc Narbonne (Université Laval): Liberté de pensée et liberté de parole : l’héritage d’Athènes au regard des enjeux contemporains
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Hourya Bentouhami (Université Toulouse II Jean Jaurès)
« Je ne suis pas raciste mais… » : liberté d’expression et antinomies de la raison raciste
Que veut dire « libération de la parole raciste » ? En quoi consiste ce sentiment de confort et d’autorité d’une parole à la fois experte et ordinaire qui prend l’aspect dans des démocraties dites post-raciales d’une dénégation de son contenu raciste ? Mon objet ne consistera pas à traiter du rapport entre liberté d’expression et discours de haine à partir de la question normative d’usage : le discours de haine doit-il et peut-il être prohibé dans des démocraties où coexistent différentes conceptions du Bien ? Autrement formulée ainsi : comment concilier en droit liberté d’expression et protection des victimes du racisme ? Ma démarche s’inscrit plutôt dans la lignée des travaux de Colette Guillaumin et des études de la théorie critique de la race pour comprendre en quoi consiste le pouvoir et la violence des mots racistes à une ère où nos démocraties se disent non seulement non-racistes mais antiracistes ou anti-discriminations. Cette analyse mêle donc à la fois les apports de la psychanalyse sur la dénégation et la mélancolie raciale, les outils théoriques du féminisme sur la compréhension performative des discours de la haine de l’Autre, et les contributions de la philosophie du droit sur l’importance d’une approche conséquentialiste en termes de lutte contre le racisme dans la législation sur la liberté d’expression.
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Soheil Kash (Université Laval)
L’Autre de l’Occident moderne
En limitant son analyse à l’âge classique occidental dans son travail sur l’histoire de la folie, Foucault ne pouvait qu’identifier l’Autre de la modernité occidentale au « fou » occidental lui-même. Il ne pouvait assigner une place à l’Orient ou à l’Arabe sans sortir de l’Occident pour rejoindre l’autre comme étant l’envers de l’Occident. Ce changement de terrain théorique nous révèle l’Autre de l’Occident capté, non par le seul langage de la psychiatrie, mais plus fondamentalement interné dans celui de l’ethnologie et de l’orientalisme, formes de savoir occidentales par lesquelles la raison occidentale s’approprie le sujet (l’Autre) pour le transformer en objet. Et nous voilà pratiquement sur un autre terrain de questionnement qui nous mène directement de l’envers de la modernité (l’Arabe, l’Islam, l’Asiatique, l’Africain), à la modernité elle-même tel qu’elle est formulée par le discours philosophique contemporain représenté par Hegel comme fondateur du récit européocentriste de l’histoire de l’humanité.
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Sandra Lapointe (McMaster University)
Comment la censure affecte-t-elle le progrès philosophique?
Les raisons qu’ont les philosophes de dénoncer la censure sont d’abord et avant tout d’ordre moral. Cependant du point de vue de l’historienne de la philosophie, si la censure est néfaste c’est souvent aussi en raison de ses conséquences soi-disant néfastes sur le progrès de la discipline : on peut supposer que l’auteur dont l’œuvre fait l’objet d’une interdiction, en plus d’être l’objet d’une injustice aura un impact différent.
En histoire des idées, les développements philosophiques sont compris comme le résultat de transformations dont la cause est d’ordre doctrinal ou théorique. Cependant, la censure n’est pas un facteur d’ordre philosophique. La question sous-jacente est donc celle générale de savoir si l’histoire de la philosophie doit faire fi des facteurs qui, comme la censure, sont d’ordre sociologique. Dans la négative – que je défendrai – le défi est par conséquent de présenter une approche à l’histoire de la philosophie qui rende justice au fait que l’évolution d’une discipline dépend tant de facteurs philosophiques que de facteurs sociologiques et que, par conséquent, la distinction entre « histoire des idées » (ou « généalogie conceptuelle ») et « sociologie de la connaissance » ne présente pas une véritable dichotomie, mais deux extrêmes sur l’éventail de choix méthodologiques à la portée de l’historien.
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Jean-Marc Narbonne (Université Laval)
Liberté de pensée et liberté de parole : l’héritage d’Athènes au regard des enjeux contemporains
Au sein de l’ensemble des civilisations anciennes, la tradition politique et culturelle d’Athènes fait figure d’originalité. Aucune autre cité de cette époque n’a produit un nombre aussi impressionnant de figures intellectuelles, sans oublier une succession de réflexions de nature politique d’une portée incomparable. Qu’on en réfère comme jadis au fameux « miracle grec » (Renan) ou comme récemment à l’« exceptionnalisme grec » (Ober), le phénomène global à décrire demeure le même, soit celui d’un éthos-rationaliste-critique nouveau. Comment faire état d’un tel éthos critique et de son influence pérenne dans l’histoire, d’une telle pratique de l’agôn, c’est-à-dire de la concurrence des points de vue et de la remise en cause des données traditionnelles ?
Après avoir fait état des liens unissant la tradition démocratique grecque et le franc-parler (parrhèsia), nous défendrons l’idée d’un continuum idéologique prévalant entre la culture critique grecque et la nôtre, en insistant sur les points suivants :
- l’existence d’une ressemblance entre la démocratie d’origine et l’open society moderne.
- l’existence d’une sorte de « tolérance religieuse » communément partagée.
- le rattachement doctrinal du christianisme à la tradition grecque.
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Geneviève Barrette (Collège Montmorency/Université de Montréal)
Sophie Cloutier (Université Saint-Paul)
Coordination
Congrès 2018: Liberté de pensée et liberté de parole
Société de Philosophie du Québec